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La déclaration 1
Tout était fini... il était mort, elle l’avait tué.
Meriel s'effondra sur le corps sans vie du mercenaire qui gisait sur le sol froid et dur de la grotte. La lumière blafarde du petit matin éclairait l’intérieur de la grotte grâce à un trou creusé dans la paroi faisant office de fenêtre, dévoilant la scène : un homme allongé sur le sol semblant dormir, une jeune fille prostrée sur lui, le visage baigné de pleurs caché contre la poitrine de l’homme, s’accrochant désespérément à sa veste en cuir. Autour d’eux régnait un désordre sans nom, tous les meubles étaient renversés, ça et là les bris d’objet jonchaient le sol, à quelques mètres d’eux, des armes tâchés de leur sang.
De temps à autre, une plainte s’échappait des lèvres de la jeune fille entre deux sanglots étouffés pour former un nom.
"Panda..."
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Deux mois plus tôt.
Depuis le dernier banquet le temps avait tranquillement suivi son cours, insensible à la révélation que Meriel avait eu à cette occasion. Les relations entre elle et Panda restaient inchangées. Ils gardaient le même comportement l’un vis-à-vis de l’autre. Parfois cependant, leurs regards se croisaient et s’accrochaient. Le temps d’un instant, le monde se resserrait autour d’eux pour finalement ne contenir qu’eux deux. D’autres fois, c’était elle qui le regardait et se faisait surprendre quand il tournait la tête vers elle, ou elle sentait son regard sur sa nuque et une douce chaleur l’envahissait. Mais à part ces quelques détails, rien dans leur comportement ne trahissait le moindre sentiment plus poussé que ce que ne voulaient les convenances ni leur relation maître-élève.
Un matin plus froid qu’à l’accoutumée, Meriel fut réveillée par un mauvais pressentiment. Elle quitta sa chambre pour prendre l’air et se changer les idées. Ses pas la conduisirent tout naturellement vers l’écurie. Elle aimait cet endroit, il lui rappelait sa maison familiale, les chevaux l’aimaient et il y régnait toujours une atmosphère douce et chaleureuse. Pourtant ce matin, les chevaux semblaient nerveux. Alors qu’elle avançait, silencieuse, entre les stalles, le bruit d’un cheval qu’on harnache attira son attention. Comme une ombre, elle s’approchait lentement lorsqu’une voix s’éleva dans le silence de l’écurie.
"Heureusement que vous avez embrassé la carrière de mercenaire Meriel, car vous auriez fait une piètre sicaire."
La jeune fille, bien que furieuse d’avoir été ainsi repérée si facilement, retint la remarque peu amène qui lui montait aux lèvres, et laissa sa curiosité s’exprimer.
"Mais... Panda ? Que faites-vous donc ? Vous partez ?
- Ça ne se voit pas ?
- Où allez-vous ? Vous partez pour longtemps ?
- Cela ne vous regarde pas... vous êtes bien curieuse."
Alors que Panda terminait ses préparatifs de départ, Meriel l’observait et son mauvais pressentiment revint encore plus fort qu’à son réveil. Son regard fut brusquement attiré par la cape de son maître, elle était sombre, il ne portait pas l’emblème du clan. Son coeur se serra.
"Vous partez en mission pour la Confrérie n’est-ce pas ?
- Je vous ai déjà dit que vous étiez trop curieuse.
- Emmenez-moi avec vous !"
Ce cri avait échappé à la jeune fille avant qu’elle puisse le retenir. Le mercenaire la regarda d’un air intrigué, il n’était pas habitué à l’entendre lui parler sur ce ton : elle se faisait du soucis pour lui c’était certain, mais il y avait plus qu’une simple inquiétude dans son regard, quelque chose d’autre qu’il ne voulait peut-être pas découvrir.
"Ridicule ! Je n’ai pas besoin de m’encombrer d’un fardeau !"
Sur ces mots il enfourcha son cheval et sortit sans attendre de l’écurie, le vent lui apporta l’écho d’une bordée de jurons. Avec un sourire aux lèvres il se fit la remarque qu’il y en avait qu’il ne connaissait pas. Décidément ce petit bout de femme le surprendrait toujours. Filant à toute allure, il n’entendit pas les dernières paroles murmurées par la jeune fille.
"Faites attention à vous..."
Récit murmuré par Diandra le 14/06/2003
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